Des portraits de jeunes Européens qui agissent localement et
contribuent à renforcer la communication et la cohésion entre les habitants. Des
initiatives diverses, sociales, culturelles ou liées à la participation
citoyenne, qui nécessitent de déployer un projet, de s’appuyer sur des
ressources, de fédérer des énergies. Des récits et des témoignages sur les parcours de « personnes ordinaires, dotées d'une volonté
extraordinaire », pour reprendre les mots d'un ancien champion de karaté, devenu promoteur des valeurs de courage et de respect dans les collèges de Marne.
Le genre de choses que je vous propose depuis le début du printemps.
C’est l’été et je persiste à vous raconter ces histoires, en espérant qu'elles vous
captivent et vous inspirent. Mais peut-être qu’une petite remise en perspective s’impose à ce stade. Au
fond, qu’est-ce que je cherche ? Quelles sont les questions que je me pose ? Et pourquoi mes jeunes porteurs de projets m’aident-ils à avancer dans ces questionnements ?
Un monde qui change, des défis pour notre éducation
Le point de départ, c’est de constater que quelque chose manque dans
notre éducation. J'ai eu un parcours scolaire et étudiant plutôt
réussi ; j’en reconnais tous les bénéfices, je sais aussi que certaines
choses m’ont manqué. Entre autres, sans aucun doute, l’apprentissage de la
dynamique de groupe.
De nombreuses études s’accordent
à dire que notre modèle d’éducation n’est pas adapté de façon optimale
au monde d’aujourd’hui. Pour avoir une idée des enjeux et des travaux réalisés en la matière, je vous recommande l’excellente note de François Taddei intitulée "Former des constructeurs de savoirs collaboratifs et créatifs : un défi majeur pour l'éducation du 21ème siècle", contribution réalisée en 2009 pour l'OCDE dans le cadre de sa Stratégie pour l'Innovation.
Au moins trois types d’évolution ne sont pas aujourd'hui suffisamment prises en compte par notre système d’éducation :
- Celle de la transmission de l’information : Internet, désormais considéré comme une révolution aussi importante que l’arrivée de l’imprimerie.
- Celle de la mondialisation, et de ses impacts liés à la mobilité, aux rencontres entre les cultures et à l’émergence de nouvelles cultures.
- Celle de la crise qui devient structurelle dans ses dimensions économique, sociale, environnementale, mais aussi politique (crise des démocraties) et, dans certains pays, démographique.
Les conséquences de ces évolutions sont multiples. En ne considérant
que les implications sur les sociabilités, on constate une
redéfinition et une complexification des relations
entre les personnes.
Source: http://www.olivertomas.com/information-design/a-selection-of-graphics-from-bauhaus-publications/
Le spectre des interactions est devenu
potentiellement illimité, quantitativement et dans l’espace. Ce qui crée de vraies opportunités. Et, en même
temps, on observe un étiolement des formes de
sociabilité traditionnelles et un manque de repères pour
en recréer de nouvelles.
Dans notre monde qui change toujours plus vite, il y a de plus en plus
de possibilités et de moins en moins de recettes. La seule recette qui semble
valoir, c’est justement d'être capable de vivre sans : s’adapter, faire preuve d’ingéniosité et de
souplesse. Des stratégies qui ne sont pas nécessairement intuitives, mais qui s’apprennent et se pratiquent.
Information, rapport à l'autre, vocation
L’école,
l’enseignement supérieur et la formation tout au long de la vie ont évidemment
un rôle à jouer. D’abord pour permettre à chacun de bien prendre conscience qu'un monde qui change, ce sont à la fois des
opportunités (avec des stratégies à développer pour apprendre à les saisir) et des menaces
(avec des stratégies à développer pour apprendre à s’en prémunir).
Une éducation qui offre à chacun le cadre et les pistes lui permettant d'apprendre à s'adapter, à être créatif... Perspective intéressante, mais qui peut aussi donner un peu le tournis. Pour faire écho aux trois types d'évolution énumérés plus haut, l’éducation pourrait accorder davantage d'importance au développement de stratégies relatives :
- A l’information : comment mieux apprendre et transmettre en optimisant notre gestion des flux immenses (et, à mon avis, un peu effrayants) d’information.
- Au rapport à l’altérité : être moi et être avec l’autre, faire partie d’un groupe, la ressemblance, la différence...
- A la vocation : comment trouver sa place, son« élément » comme l’appelle Ken Robinson : ce que l’on aime faire et ce pour quoi l'on possède un talent particulier, le domaine qui favorise un double sentiment d’utilité et de bien-être.
Source: http://delphinedurand.blogspot.fr/2010/01/actualites-bibliographiques.html
Information, rapport à l'altérité, vocation : trois domaines pour lesquels on a encore beaucoup à explorer, expérimenter, inventer. Pour cela, la grille de lecture des intelligences multiples peut certainement aider.
Education, dynamique de projet et engagement citoyen
Pour en revenir à mon enquête, pourquoi aller interroger de jeunes
adultes engagés dans des projets citoyens ? Au fond, quel rapport avec
l’éducation ?
D'abord, il s'agit d’explorer le lien entre dynamique de projet et
éducation. De ce point de vue, je pourrais aussi bien interviewer des
entrepreneurs oeuvrant dans tout type de domaines ou encore des artistes, des créateurs de spectacles. Le point commun de ces parcours : ils nous aident à comprendre ce que l'expérience d'un projet ambitieux peut apporter en
terme de développement de la personne.
Certaines écoles dans le monde ont ainsi fait le choix du
« project based-learning » : en déroulant un projet depuis
l’idée originale jusqu’à la mise en œuvre collective et la mesure des impacts, les
élèves assimilent des connaissances bien mieux que dans un cadre d'apprentissage théorique et développent d’autres talents, tels que l’art de bien
communiquer et de travailler en équipe. Ces méthodes ont vocation à faire grandir chez les jeunes le goût de
l’expérimentation et de la création pour, peut-être, leur donner envie d'entreprendre.
Ensuite, en m’intéressant aux parcours de jeunes Européens dont l'action produit des effets dans la consolidation du vivre-ensemble,
j’ajoute une variable. Au-delà de la dynamique de projet, je cherche à comprendre quelle peut être la valeur
éducative de l'engagement en faveur de l'intérêt général, d'une action dirigée vers les autres. Finalement, cela rejoint mon hypothèse selon laquelle le rapport à l'altérité s'apprend.
Source: http://www.convergences2015.org/fr/Article?id=1030&topic=1
En commençant cette enquête, je suis partie avec un mot, celui de compétence. Et même de "compétence humaine", concept assez flou, vous en conviendrez... Je préfère aujourd'hui parler de "leçons de vie", pas au sens de leçons à apprendre par coeur, mais plutôt de petits "mémorandums" ou encore de "relevés d'observation" à partir des récits de parcours courageux et inspirants.
Découvrez ces parcours de vie liés à des projets en Italie, en Allemagne, en Belgique et en France, bientôt en Slovénie, en Bosnie-Herzégovine, en Hongrie, en Bulgarie et en Grèce : n'y a-t-il pas là des éléments qui invitent à porter un regard nouveau sur l'éducation?
Parce que ma démarche est exploratoire et bien que je ne me sois pas expliquée sur tout, je ne développerai pas plus aujourd'hui. Merci pour votre lecture attentive. J'aimerais beaucoup avoir vos réactions : n'hésitez pas à utiliser la page Facebook de ce blog.